Le télégraphe Chappe à Rochecorbon

Dans la première moitié du XIXe siècle une petite révolution a marqué l’information et la communication en France : le télégraphe optique Chappe.

L’inventeur : Claude Chappe

C’est en 1790 que Claude Chappe, homme d’église originaire de la Sarthe, émet en 1790 l’idée d’un système permettant au gouvernement de transmettre rapidement ses ordres. 
Avec ses frères il met au point le principe du télégraphe optique par sémaphore. En 1793 le Comité de salut public adopte ce système pour la création d’une liaison Paris-Lille. L’efficacité et la rapidité de transmission convainc et plusieurs lignes seront progressivement construites. Le télégraphe électrique le remplacera à partir de 1845. 
La ligne qui traverse l’Indre-et-Loire
En 1822 est décidée la ligne Paris – Tours – Poitiers – Angoulême – Bordeaux – Bayonne par une ordonnance de Louis XVIII. Les stations qui jalonnent ce parcours en Touraine sont situées en venant de Paris à :
  • 627 : Saint-Ouen-les-Vignes
  • 546 : Pocé-sur-Cisse
  • 779 : Vouvray
  • 603 : Sainte-Radégonde
  • 325 : Tours-Saint-Symphorien (La Tranchée)
  • 730 : Tours (Hôtel-de-Ville)
  • 358 : Chambray-lès-Tours
  • 456 : Montbazon
  • 698 : Sorigny
  • 644 : Saint-Épain – Sainte-Catherine de Fierbois
  • 623 : Sainte-Maure-de-Touraine
  • 401 : Maillé
  • 555 : Ports
  • Marigny-Marmande
Dans chaque station, le préposé, le stationnaire, surveille dans ses lunettes les deux stations amont et aval. Dès qu’une de ces stations veut lui transmettre un message, elle fait un signal avec les bras articulés auquel il répond sa disponibilité. Une fois le message codé reçu, il le retransmet par la même méthode à la station suivante. Il travaille toute la journée, entre lever et coucher du soleil, toute l’année. Pour assurer la permanence ils sont deux par poste, parfois le père et le fils.

La station de Rochecorbon

Vers 1830 il apparaît que la station de Sainte-Radegonde n’est pas idéalement située. Elle est installée au haut de la Tour du Hibou, à l’angle Nord-Ouest du périmètre de Marmoutier :

La tour du hibou se trouve au centre du cercle rouge. Elle faisait partie de l’enceinte de l’abbaye de Marmoutier, à Tours (Sainte-Radegonde). Elle en est maintenant séparée par le tracé de l’autoroute A10. Carte Google.
au printemps la pousse des arbres obstrue partiellement la vue directe avec la station de Vouvray, obligeant les deux stationnaires à répéter les messages pour s’assurer de leur bonne compréhension. C’est perte de temps et de fiabilité.
Il est alors décidé de déplacer la station un peu plus vers l’Est sur les hauteurs de l’ancienne commune de Saint-Georges réunie à celle de Rochecorbon depuis 1808. Sur la carte ci-dessus on note en haut que le chemin reliant l’ancienne et la nouvelle station se nomme « rue du télégraphe ». 
Carte de l’implantation des stations en Indre-et-Loire. 
Carte postérieure au transfert de la station de Sainte-Radegonde 
vers Saint-Georges.
L’implantation exacte est assez bien connue, elle est définie par quelques textes et cartes :
  • « tour construite sur le rebord du coteau, à 270 m au sud du château de Rosnay et

    à 380 m de la Loire, à l’altitude de 100m »

  •  l’emplacement signalé dans une carte d’État-major de 1866 :

    Carte de 1866, 12 ans après l’arrêt de la ligne.
    L’emplacement du télégraphe est toujours indiquée.
    On sait peu de chose de cette station, si ce n’est qu’elle se présentait sous la forme d’une tour carrée de 5,4m de haut surmontée d’un toit pyramidal.
    Construction d’une tour Chappe, 
    certainement similaire à celle de Rochecorbon.
    Tour Chappe similaire à celle de Rochecorbon.
    La toiture devait y être toutefois plus simple. 
    Les stationnaires
    En 1824 ils étaient modestement payés 1,25 francs par jour, paie à laquelle s’ajoutaient une somme de 24 francs par an pour le chauffage, 1 franc par trimestre pour le graissage des machines et 1,20 francs par trimestre pour les petites dépenses (réparations, achat papier et crayon,…).
    Livre de paie de mai 1824. Ces deux personnes sont assez naturellement 
    des habitants de Sainte-Radegonde (réunie aujourd’hui à Tours). AD37.
    On note pour la période de Sainte-Radegonde les noms de :
    • 1824 : Chausset et Dejarny,
    • 1825 : Chausset et Humbert,
    • 1828 : Jean-Antoine Chausset et Sulpice Hocquard (Dejarny et Humbert sont à la station de la Tranchée),

    et pour la période Rochecorbon – Saint-Georges :

    • 1832 : Jean-Antoine Chausset et Michel Cailteau,
    • 1852 : Chausset et Hocquard.

      Livre de paie d’août 1832. AD37.
      Après la fermeture de la ligne début 1854 ces employés percevront un secours leur permettant de survivre car toutes ces personnes étant âgées ne bénéficiaient d’aucune autre subside, ni retraite ni pension.
      Versement des secours du 4ème trimestre 1854. AD37.

      *****

      les images proviennent soit des Archives Départementales d’Indre-et-Loire (http://archives.cg37.fr), du site Gallica de la BNF (http://gallica.bnf.fr/) ou de ma collection personnelle d’images et cartes postales.

      Pour en savoir plus

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