L’histoire du bénitier de l’église de Rochecorbon

Notre association PHARE a commencé la publication d’une encyclopédie historique sur la commune de Rochecorbon. Le tome 7 paru fin août est entièrement consacré à l’église Notre-Dame de Vosnes, l’église paroissiale de Rochecorbon : plus de 300 pages en retrace l’histoire, ses évolutions, ses vicissitudes.

Pour autant quelques textes peuvent nous avoir échappés : c’est le cas pour cette église avec un acte de 1776. Il s’agit d’un procès-verbal de l’Assemblée paroissiale. Ces assemblées mises en place à la fin du XVIe siècle après le Concile de Trente rassemblaient tous les paroissiens pour discuter et décider de sujets concernant la paroisse. Ainsi le 24 novembre 1776 le notaire de Rochecorbon, Pierre Meunier, dressait le procès-verbal d’une assemblée qui venait d’être tenue à propos d’un banc dans l’église, acte qui va nous donner d’intéressantes informations concernant le bénitier.

Les bancs dans l’église

Dans chaque église pouvaient être installés des bancs privés, réservés:

  • il y avait tout d’abord des bancs de droit : le banc du seigneur local, le banc des fabriciers (ou marguilliers, ceux qui géraient les biens de la paroisse)
Le banc des fabriciers de la paroisse de Rochecorbon (état actuel)
  • ensuite tout particulier pouvait y placer son banc moyennant une « redevance » annuelle. Souvent ces bancs étaient entourés d’une petite palissade avec portillon fermant à clef pour empêcher leur utilisation par d’autres.

Le 22 juillet 1776 le boulanger Pierre Foucher se rendait au Présidial de Tours (siège de la justice tourangelle) pour faire assigner le curé de Rochecorbon à remettre en place son banc déplacé. Effectivement l’emplacement d’un banc dans l’église était chose socialement importante : les endroits les plus prisés étaient auprès de l’autel. Ceux près de l’entrée étaient également appréciés car en vue de toutes les personnes entrant dans l’église : ce devait être le cas de notre boulanger.

L’Assemblée paroissiale

Le 24 novembre 1776 une Assemblée est convoquée pour statuer sur cette assignation à remettre le banc en place. La délibération est longue car plusieurs événements se sont succédés : le boulanger prétendait avoir échangé son banc avec celui mieux placé d’un bourgeois de Tours, ce qui se révéla faux. D’autre part une fausse Assemblée dite dans l’acte « assemblée clandestine », avait été organisée et son compte-rendu dressé par le notaire de Parçay-Meslay, Assemblée nulle car non tenue selon les règles.

Finalement il fut conclu que les choses resteraient en leur état et que la demande de Foucher serait contestée.

Le bénitier

Le procès-verbal nous donne les circonstances du déplacement du banc de Foucher. Laissons la plume au notaire :

[les paroissiens] ont dit qu’ils ne peuvent trop louer les soins dudit sieur curé, qu’ils le remercient de tout leur cœur des peines qu’il a bien voulu se donner pour leur procurer un bénitier et des fonds de marbre, et les avoir fait placer sans qu’il leur en coûte rien ni à la Fabrique, qu’il n’a pu placer ces fonds et ce bénitier sans faire les changements dont le sieur Foucher se plaint injustement puisqu’il lui reste encore un banc de six pieds de long, qu’ils approuvent entièrement ces changements qui tendent à la plus grande décoration du temple, qu’ils s’opposent formellement à ce que les choses soient rétablies en leur ancien état comme le demande ledit sieur Foucher…

Ainsi par cet acte nous savons désormais que le bénitier et les fonts baptismaux actuels de l’église de Rochecorbon furent posés en 1776, il y a presque 250 ans…

Les fonts baptismaux (à gauche) et le bénitier (à droite) à l’entrée de l’église de Rochecorbon (photo Paul Pérucaud TripAdvisor)

AJOUT DU 27 NOVEMBRE 2023

Quant aux fonts baptismaux ils furent finalement remplacés le 19 janvier 1847. Avaient-ils été brisés ? Dès lors on comprend mieux la différence de style d’avec le bénitier (source Archives paroissiales de Rochecorbon)


2 réflexions sur “L’histoire du bénitier de l’église de Rochecorbon

  1. In ipso pago [Turonico], Vodanum cum Monticellis et omni eorum integritate, 886 (Gallia Christiana, Instrumenta, tome XIV, Instrumenta, n° 36, colonne 52 A, Diploma Caroli regis [Charles III le Gros] de Turonensis Ecclesie jure possidendi census et praedia) ; In Rupibus Corbonis, février 999 (Dom Housseau, t. I, n° 277) ; Rupes, Terra de Rupibus, XIe s. ; Roche Hardouin, Parochia de Rupibus, Rupes Corbonis, XIIe, XIIIe s. ; Vodanum, Majoria, parochia de Vodano, 1225 ; Gaufridi de Brenna, domini Rupium Corbonis, 1238 (B.N.-Ms Latin 5443, p. 60) ; Guillermus le Moengne, de parrochia de Rocha Corbun, 1247 (A.N.-JJ 274, Querimoniae Turonum, n° 676) ; Parochia de Rupibus Corbonis, 1313 ; En la parroisse de Rochecorbon, 29 septembre 1336 (Cartulaire de l’archevêché de Tours, t. 2, p. 91, charte 207) ; Parroisse de Rochecorbon, XIVe s. (Cartulaire de l’archevêché de Tours, t. 2, p. 122, charte 224) ; Rochecorbon, juin 1493 (A.N.-JJ 226B, n° 302, fol. 60) ; Vosnes le Crochet, alias Rochecorbon, XVe, XVIe s. (Dom Housseau, charte de Marmoutier) ; Rochecorbon, février 1502 (A.N.-JJ 234, n° 394, fol. 213 v°) ; Rochecorbon, XVIIIe s. (Carte de Cassini). Réunion réalisée de Saint-Georges-sur-Loire d’avec Rochecorbon par décret impérial du 2 février 1808 (A.N.-F 2 II Indre-et-Loire 2, plan annexé à la minute). Délimitation réalisée de Rochecorbon d’avec Vouvray et La Ville-aux-Dames par Ordonnance Royale du 1er octobre 1817 : la limite entre Rochecorbon et La Ville-aux-Dames est fixée au milieu du lit mineur de la Loire, en conséquence l’Île-de-Rochecorbon contenant la métairie de l’Île fut réunie à La Ville-aux-Dames ; Vouvray cède à Rochecorbon le territoire formé du Bois de la Roche, du Bois de Luynes contenant la ferme des Roches et 12 habitations aux Pâtis ; en échange, Rochecorbon cédait à Vouvray Montauran, une partie de la ferme de la Malourie, 3 caves habitées et un territoire proche de la Bellangerie, (A.N.-F 2 II Indre-et-Loire 3, plan annexé à la minute). La langue de terre à l’Ouest des Sections I et AY fut annexée à la commune de Sainte-Radegonde-en-Touraine par Délibération du Conseil Municipal du 10 février 1949, approuvée par Arrêté Préfectoral du 27 avril 1949. Vodanum, composé de vodos et du suffixe latin anum qui sert à former un adjectif à partir du nom propre : il sous-entend le latin fundum = bien fonds et indique la propriété ; d’où la propriété d’une personne gauloise appelée Vodos, que la variante vosnes laisse supposer, la consonne sonore d entre 2 voyelles disparaissant et le composé os indiquant l’accentuation sur la 1re syllabe. Alors que la paroisse conserve son nom primitif jusqu’au XIIIe s., Roche Corbon remplace ce nom dès le Xe s., où roche représente le château et Corbon le nom du seigneur de la paroisse. Église Notre-Dame. Civitas Turonum.

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