Le nouvel espace culturel de Rochecorbon, dont les travaux ont pris du retard à cause de la Covid, a son nom : Vodanum. D’où vient ce nom ? Le Phare y répond.
C’est un nom qui est apparu au milieu du IXe siècle. Il figure sur un acte par lequel le territoire de « Vodanum cum Monticellis & omni eorum integritate » est donné par l’évêque de Tours à l’Église de Tours (le Chapitre de Saint-Gatien). Cette donation est actée par une bulle papale de Benoit III vers 855, confirmée par le roi Louis le Bègue (date non connue), confirmée à nouveau par le roi Charles le Chauve en 876 et une troisième fois par le roi Charles le Gros en 886. C’est le contenu de ce dernier acte qui nous est parvenu.
« Vodanum cum Monticellis & omni eorum integritate » pourrait être traduit en français moderne par « Vosnes, avec Les Monteaux et autres lieux en faisant partie ». Vosnes c’est le nom de la partie aval de la Bédoire, ce petit ruisseau qui a creusé la vallée dans laquelle s’est nichée la commune, un nom qui nous reste aujourd’hui dans la désignation de la paroisse locale, Notre-Dame de Vosnes. Les Monteaux, c’est le nom de la ferme située en amont de la vallée, proche du célèbre moulin de Touvoie. Ainsi donc au milieu du IXe siècle la petite vallée de Rochecorbon appartenait à l’Église de Tours qui la conserva jusqu’à la Révolution.
C’est au milieu de cette vallée que fut érigée au XIe siècle l’église paroissiale.
Que signifie Vodanum? Il vient d’un mot latin vadum signifiant un gué, un passage dans une zone humide. Au bas moyen âge le mot se transforma en vaudum et surtout vodum, auquel s’ajouta le suffixe désignant un lieu, anum : ainsi le lieu où se trouvait un gué se nomma vod + anum = vodanum.
Ce nom témoigne du caractère humide et même marécageux de tout le cours du ruisseau, et ce n’est pas le seul terme qui nous reste en témoin, loin de là ! Depuis la source jusque la Loire de nombreux lieux attestent du caractère marécageux et humide qu’avait la proximité de la Bédoire au moyen âge. On commence au nord, à la confluence de Rochecorbon, Parçay-Meslay et Monnaie, près de la Roche-Deniau le lieu Le Vivier qui signalait un étang d’élevage et par extension tout lieu marécageux et tourbeux, puis la Vallée des Poêlons dont le nom vient du gaulois pol signifiant étang ou marais, la Vallée des Gasvres (aujourd’hui des Caves) provenant du gaulois vobero signifiant ruisseau ou terre inculte car trop marécageuse (la même origine a également donné le nom de Vobero devenu Vouvray). Puis le ruisseau traverse la garenne des Cartes, garenne signifiant terre inculte ou mauvaise terre, Vaudanière (aujourd’hui Vaudasnière avec un S) dont le nom signifie vau d’ana, la vallée où se trouve un ana, mot gaulois désignant explicitement un marécage. On trouve ensuite Fontenailles et Fontenelles, le pluriel traduisant l’abondance des sources, les Gâtinières dont le nom vient de l’ancien français gast, terre inculte. Enfin, au niveau de l’actuelle rue du Moulin, le moulin se nomme Gravotte qui vient de l’ancien français gravot, petit marais.
Vodanum est donc un gué, un lieu de passage d’une rive à l’autre en traversant un lieu inculte. C’est ce que nous souhaitons de mieux à notre futur Pôle qui nous permettra, n’en doutons pas au vu du dynamisme des Rochecorbonnais, de passer de l’inculture (des terres) à la culture (des personnes) !
Une réflexion sur “Vodanum”