Au commencement, la paroisse
Avant la Révolution française, la France était découpée en paroisses : c’était une division qui avait commencée à être mise en place par Saint-Martin, c’est dire si elle était ancienne. Petit à petit la totalité du territoire fut maillé de paroisses, et les rois se s’appuyèrent sur ce découpage pour leur propre Administration.
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Extrait de la carte des paroisses aux environs de Tours au XVIIe siècle. Source Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8591968s |
À noter toutefois que des maires pouvaient être nommés bien avant la Révolution, ce qui fut (à peu près) généralisé par l’édit royal de 1787 qui uniformisait toutes les communautés, villes et villages, en prescrivant partout l’élection du « corps de ville » par les hommes de plus de vingt-cinq ans qui payaient au moins dix livres d’impôt. Ce qui fut le cas à Rochecorbon avec l’élection du maire, ou du syndic comme on disait à cette époque, Pierre Serée. Pouvaient sièger à côté de lui deux membres non élus, le prêtre, l’abbé Sorin, et le châtelain, le seigneur de Rochecorbon, le duc de Luynes.
La création de la commune
C’en était donc fini des paroisses de Saint-Georges-sur-Loire et Rochecorbon. Le décret se poursuit :
Article 2. Les officiers et membres des municipalités actuelles seront remplacés par voie d’élection.Article 4. Le chef de tout corps municipal portera le nom de maire.Article 5. Tous les citoyens actifs de chaque ville, bourg, paroisse ou communauté pourront concourir à l’élection du corps municipal.
Pour autant quelques difficultés surgirent rapidement. Les très petites communes ne pouvaient assurer efficacement, avec leurs moyens, toutes les tâches dévolues :
Article 50. Les fonctions propres au pouvoir municipal, sous la surveillance et l’inspection des assemblées administratives, sont :– de régir les biens et revenus communs des villes, bourgs, paroisses et communautés ;– de régler et d’acquitter celles des dépenses locales qui doivent être payées des deniers communs ;– de diriger et faire exécuter les travaux publics qui sont à la charge de la communauté ;– d’administrer les établissements qui appartiennent à la commune, qui sont entretenus de ses deniers, ou qui sont particulièrement destinés à l’usage des citoyens dont elle est composée ;– de faire jouir les habitants des avantages d’une bonne police, notamment de la propreté, de la salubrité, et de la tranquillité dans les rues, lieux et édifices publics.
La commune de Saint-Georges-sur-Loire, mort-née
Un autre exemple des difficultés rencontrées : en l’an XI (vers 1803), le Préfet (le Général Préfet) demanda la constitution de Conseils municipaux de 10 membres au moins. Trois conditions étaient précisées : ces personnes devaient habiter la commune, elles devaient savoir lire et écrire, elles ne pouvaient avoir de relations familiales entre elles. Or à cette époque, à Saint-Georges, il n’y avait que 9 personnes qui savaient lire et écrire ! Dont deux parents. Impossible d’en trouver 10 !
Très rapidement, dès 1790, son territoire commençait à être dépecé : la partie ouest du bourg (Les Rochettes) était transféré à Sainte-Radégonde, la partie est du bourg était transférée à Rochecorbon.
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Les premières parties du territoire de Saint-Georges transférées aux autres communes. Reconstitution : Claude Mettavant 2016. |
L’annonce en 1806 de la réunion, pour le culte, de Saint-Georges à Sainte-Radégonde provoqua un vif émoi : la municipalité se plaignit de l’éloignement de l’église de Sainte-Radégonde, de son insalubrité. Mais le fond du problème était bien le rattachement à Sainte-Radégonde qui se profilait. En effet, les parties de la commune de Saint-Georges les plus éloignées (La Planche, Vaudanières, la Bouchardière) ne pouvaient pas être jointes à Sainte-Radégonde mais à Rochecorbon. C’était là un autre problème de la commune de Saint-Georges : elle comprenait trois territoires qui ne se touchaient pas ! Comment gérer les chemins vicinaux ? Comment assurer la police ? Impossible.
La contre-proposition du Conseil municipal
1808 : la délivrance !
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Le décret de 1808 prononçant la fusion de Saint-Georges avec Rochecorbon. Source : Archives départementales d’Indre-et-Loire, 1M171. |
Tout allait bien. Ou presque…
Aujourd’hui
– la Chapelle Saint-Georges, ancien église de la paroisse, remarquable monument classé (voyez les autres articles de ce blog),
– la rue Saint-Georges bien évidemment,
– et quelques panneaux …
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Source : Google Maps. |
Une réflexion sur “Saint-Georges-sur-Loire, une commune éphémère”